Le 31 mai 2018, les équipes de AWS, Timspirit et Veolia ont présenté leur vision du #ZeroDatacenter, lors d’une conférence proposée par le cabinet de conseil Timspirit au siège d’Amazon France. Pionniers dans la conduite de la transformation « 100% Digital », la DSI de Veolia a complété la vision #ZeroDatacenter par un retour d’expérience « vraie vie » retraçant leur audacieux projet de bascule de leur IT dans le Cloud. Retour sur les clés de ce succès.

La DSI de Veolia retrace son audacieux projet de bascule de leur IT dans le Cloud

Regard croisé des acteurs du projet #ZeroDatacenter de Veolia

Quand, en 2015, Jean-Christophe Laissy, CIO Group de Veolia et Hervé Dumas, CTO Group, se lancent dans l’aventure #ZeroDatacenter, le Cloud est encore un terrain d’expérimentation pour nombre de grands groupes. Ces derniers sont encore au milieu du gué, au stade des POC sur des applications non critiques. Pour mener à bien son projet, Veolia s’entoure de deux experts de la transformation Cloud : Timspirit, cabinet de Conseil IT et Amazon Web Services (AWS), précurseur du Cloud public. L’équipe de consultants de Timspirit a accompagné les équipes Veolia sur l’ensemble des activités, comme l’expose Jérôme Houry, cofondateur de Timspirit: « Nous avons défini la stratégie à déployer en matière d’audit, de diagnostic, de schéma directeur et de Target Operating Model – , mis en œuvre le projet en gérant 5 appels d’offres, conduit le changement et l’alignement des process et outils, le tout dans les délais impartis grâce à une équipe pluridisciplinaire motivée et impliquée. » AWS a, de son côté, su construire l’offre la plus adaptée pour répondre à ce projet particulièrement ambitieux.

« Don’t move to Cloud, transform to Cloud ! »

Fort du succès de Veolia et de projets Cloud menés pour d’autres clients, Timspirit a acquis de véritables convictions sur le sujet. « Nous travaillons sur le sujet depuis 2009 et nous avons longtemps eu des frustrations sur le sujet ! » témoigne Renaud Brosse, co-fondateur de Timspirit. « Comme le détaille Yural Noah Harari dans son livre Homo Deus, la réussite de l’espèce humaine repose sur sa capacité à collaborer à grande échelle. Nous vivons dans un monde de plus en plus complexe et le digital renforce la coopération augmentée au sein de notre écosystème. Le Cloud permet de passer de la planification à une adaptation aux circonstances, du manager Command and Control au leader jardinier et des silos IT aux équipes autonomes. » Or, si le Cloud connaît une croissance de près de 50% chaque année, 70% des entreprises françaises sont encore au milieu du gué. La plupart ont perdu du temps à construire des Clouds privés avec une valeur ajoutée discutable. « Les choses s’accélèrent, nous ne sommes plus à l’heure de l’expérimentation et des POC mais à celle du déploiement. Il ne s’agit plus de migrer dans le Cloud mais bien de se transformer pour et par le Cloud », détaille Renaud Brosse.

Brandir l’étendard et oser attaquer par la face Nord !

Au cours de la matinée, Renaud Brosse a présenté 10 conditions essentielles pour accélérer sa transformation Cloud, inspirées d’expérience terrain acquise en accompagnant leurs clients dans leur projet Cloud.

  • Ré-enchanter les utilisateurs et en faire des alliés en proposant des postes de travail collaboratifs (suite Google ou Office 365) et en transformant le support technique « ticket » en une véritable assistance aux utilisateurs sur les produits et usages. Faites du soutien, pas du support !
  • Tordre le cou aux craintes sur la sécurité (et aux hackers) en réinventant une politique de sécurité adaptée au Cloud,
  • En finir avec le Cloud « taille unique » et standardisé pour évoluer vers une proposition de valeur différenciante par périmètre applicatif, favorisant la mise en place de petits projets plus facile à faire aboutir qu’un « big bang » impossible à gérer,
  • Penser plateforme pour faire cohabiter legacy et digital,
  • Réinventer l’Operating Model pour gagner en agilité et en valeur ajoutée, en mettant en place des équipes dédiées et décentralisées, un nouveau modèle de sourcing et des outils FinOps, DevOps et ITSM,
  • Investir dans des compétences nouvelles,
  • Oser attaquer par la face Nord pour faire bouger les choses de manière significative en migrant des applications critiques (comme SAP dans le projet Veolia),
  • Organiser un vide-grenier pour refondre réellement le système d’information dans un nouveau paradigme technique et en finir avec les applications obsolètes,
  • S’entourer de partenaires de confiance en challengeant les fournisseurs de Cloud, les MSP, les brokers et les experts.

« Brandir l’étendard, avoir des convictions et un leadership affirmés, comme ce fut le cas pour le projet Veolia nous fait dire que chez Timspirit l’impossible n’est pas français ! » conclut Renaud Brosse.

Oser franchir le pas du 100% digital

Quelle raison pousse un groupe tel que Veolia, avec 165.000 collaborateurs présents dans 50 pays, 1800 applications et 48 DSI autonomes, à opter pour le #ZeroDatacenter ? La réponse est simple : la philosophie de l’entreprise – de vouloir « ressourcer le monde » en optimisant et réutilisant au mieux les ressources consommées. Avec 476 millions d’euros de budget et 2000 collaborateurs, la DSI du groupe ne consacrait, en 2015, que 15% de son budget à l’innovation phagocyté par le coût du « Run » qui en représentait 85% bien qu’elle était confrontée aux nouveaux enjeux de l’IoT (Internet of Things), de la mobilité ou encore du BYOD (Bring Your Own Device). « Il nous fallait répondre au niveau d’exigence toujours plus élevé des utilisateurs qui souhaitaient plus de fluidité, de réactivité et d’attention, et qui se tournaient systématiquement vers l’IT pour faire face aux transformations de leurs métiers », témoigne Jean-Christophe Laissy. « Si notre DSI voulait continuer à créer de la valeur, elle ne pouvait plus rester au milieu des voies sans prendre le risque de se faire happer par un train. Il fallait gagner en agilité, être en mesure de dire oui et avoir une réponse forte face à notre écosystème interne et externe. »

Créer l’atmosphère digitale

L’ensemble de la DSI en est convaincue, sous l’impulsion forte de son CIO et de son CTO, il faut créer une véritable atmosphère digitale pour se transformer et miser sur trois axes majeurs :

  • Migrer vers un poste de travail digital (Digital workplace),
  • Miser sur le cloud public (Move to cloud),
  • Évoluer vers une plate-forme centrée « Data » (Data centric platform).

Dans le cas Veolia, la première attention a été portée aux collaborateurs, sans qui il aurait été impossible de maximiser le potentiel de la coopération à l’échelle. « Nous avons rapidement déployé des digital workplaces, avec des clients légers et des suites collaboratives, passant de 80.000 postes connectés à 130.000. Nous avons réduit la fracture numérique en offrant le même niveau de service à tous », explique Jean-Christophe Laissy. « En élargissant la surface d’exposition au risque cyber, nous avons changé d’angle en matière de sécurité pour en finir avec la « never ending story » du patching management ! » De l’ATAWAD*, l’entreprise est passée au SATAWAD (pour Secure ATAWAD), intégrant ainsi la dimension de sa nouvelle politique de sécurité, soutenue par Amazon qui a assisté les équipes pour définir l’offre la plus adaptée aux exigences de la DSI.

Un seul mot d’ordre s’installe : « Move your aaS ! »

En second plan, les équipes Veolia se sont concentrées sur la mutation vers le Cloud, de façon volontaire et affirmée avec un leitmotiv : « Saas First » pour les applications métier et « PaaS for dev » pour les productions maison et le core business. L’abandon des RFP au profit d’essais a libéré les énergies et permis de valider plus rapidement les choix. « Ne partant pas d’une page blanche, nous avons fait le choix d’opter systématiquement pour l’IaaS pour nos applications legacy, » précise Hervé Dumas. « En lieu et place d’un « shift and lift », nous avons transformé nos applications existantes, de façon itérative. Le passage de notre application SAP dans le Cloud s’est ainsi fait de façon transparente pour les 17.000 utilisateurs des 6 pays concernés et force est de constater que cela fonctionne mieux ! » Dernier axe retenu pour développer l’atmosphère digitale : : la plateforme « data centric ». Dans le secteur d’activité de Veolia, les objets connectés et les données collectées sont très nombreux. L’entreprise étant organisée de façon délocalisée, l’approche Cloud a permis de faire de la « data » un non sujet et de rapprocher les Métiers de l’IT.

Un projet autant humain que technologique

Au sein de la DSI, de nouveaux métiers et profils sont apparus (Chef de produit, FinOps, etc.) et en parallèle les équipes existantes sont montées en compétences. « Nos collaborateurs ont rapidement adhéré au projet et sont devenus des éléments moteurs de sa réussite. Ce projet a été une transformation humaine autant que technologique, » souligne Hervé Dumas. Ce que Jean-Christophe Laissy confirme : « Tout au long du projet, nous avons voulu donner du sens. Nous avons transformé notre organisation et mené une réelle aventure humaine, en développant les compétences et l’implication de nos équipes. » Une approche très en phase avec celle d’Amazon que son fondateur définit comme une entreprise « Day One », organisée pour développer la collaboration au sein de ses équipes et rester aussi agile qu’au premier jour. « Chez AWS, c’est toujours le premier jour », explique Daniel-Marie Rouault, Senior Manager chez Amazon. « Nous appliquons une recette simple : être obsédés par la satisfaction de nos clients, résister à tout ce qui se met entre eux et nous, rester à l’écoute des tendances externes et prendre des décisions rapides, grâce à des principes de leadership favorisant la créativité et l’agilité. »

Un changement radical d’image et de proposition de valeur pour la DSI

Même si l’aventure est loin d’être terminée, la DSI de Veolia constate déjà les effets du passage au Cloud : la part des projets dédiés à l’innovation a doublé, la part du coût du « Run » est passé sous la barre des 65%, le Cloud a libéré les énergies et mobilisé les collaborateurs de la DSI, et surtout, l’image de la DSI a radicalement changé comme le confirme Jean-Christophe Laissy: « Avec le Cloud, nous sommes passés d’une DSI parfois perçue comme la dernière roue du carrosse, à une DSI innovante, systématiquement en avance sur les attentes et les besoins Métiers à qui elle délivre une proposition de valeur forte et agile. » *ATAWAD : anytime, anywhere anydevice